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Abstract:
L’intéroception est définie comme étant la transduction sensorielle de multiples modalités caractérisant l’état physiologique voire homéostatique des tissus du corps y compris les viscères mais aussi les os, les muscles et la peau. Contrairement à l’extéroception (mécanoréception et proprioception) associée au contrôle moteur des muscles squelettiques, l’intéroception est encodée le long d’une voie ascendante ontologiquement, physiologiquement et anatomiquement distincte qui aboutit dans le cortex insulaire (ou insula) et non dans le cortex somatosensoriel classique. L’insula intègre l’intéroception avec des afférences corticales liées notamment à l’extéroception, au système vestibulaire ainsi qu’à l’audition et à la vision ; en particulier lorsque la scène audio-visuelle inclut le comportement d’autrui. L’organisation neuroanatomique de ces afférences suggère que cette intégration s’opère selon deux dimensions fonctionnelles : égocentrique et allocentrique. Le processus culmine dans l’insula antérieure où se chevauchent des activités liées à la perception subjective corporelle (douleur ou faim), posturale (vertige), émotionnelle (dégoût ou amour), empathique (douleur de l’autre) et cognitive (reconnaissance du soi dans un miroir). L’insula antérieure est connectée au cortex préfrontal et projette vers les centres pré-autonomiques du bulbe rachidien qui régulent les activités sympathiques et parasympathiques. Cela offre simultanément une contextualisation corporelle unifiée du vécu multi-sensoriel et un ajustement autonomique instantané qui pourraient être ensemble à la base de la neurobiologie du « soi ». L’insula antérieure est une cible majeure des neuro-dégénérescences liées aux troubles psychiatriques, émotionnels et psychosomatiques. Elle contient aussi un neurone morphologiquement unique, le « neurone de von Economo », qui est le premier à disparaître lors de démences caractérisées par une atténuation des perceptions conscientes du soi. L’insula semble donc constituer une interface cruciale entre le vécu psychique et l’état de l’organisme. Cette interface regorge d’associations singulières (vestibulo-cardiaque, visuo-viscérale…) qui pourraient s’avérer cruciaux pour la résolution de troubles psychosomatiques et qui pourraient être éclairées par la pratique posturologique.