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Alors que la « crise des migrants », aussi mal nommée soit-elle, était partout dans la presse aux mois d'août et septembre 2015, on entendit dans la bouche de plusieurs intellectuels médiatiques que la question des migrants était taboue. Penser la migration, le refuge, la mobilité, les frontières, serait, dit-on, rendu impossible par le « politiquement correct ». Au prétexte qu'il arrive, rarement, qu'un souverainisme aveugle au droit des étrangers soit critiqué ou que l'on questionne la légitimité de la police et de la politique des frontières, le débat public serait muselé et rendu incapable d'affronter les questions nouvelles soulevées par les migrations globales. Une idéologie cosmopolite et utopique, inutilement soucieuse de la « juste part » à prendre à la « misère du monde », aurait ainsi supplanté le bon sens national et républicain.
Ce diagnostic n'est pas seulement caricatural, il est avant tout ignorant. Ignorant de tout un champ de recherche qui s'efforce précisément de penser ce que seraient des frontières justes, une éthique et une théorie politique de l'immigration capable de peser les demandes des citoyens et des étrangers à parts égales, de considérer ensemble la valeur morale des communautés nationales et les revendications légitimes de tous ceux qui souhaitent y entrer ou en faire partie.
Le livre de Martin Deleixhe, Aux bords de la démocratie. Contrôle des frontières et politique de l'hospitalité, fait une lecture passionnante de cette littérature variée tout en proposant un véritable point de vue démocratique…
