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Abstract:
La pandémie de Covid-19 a surpris par la violence de ses effets sur les systèmes politiques et économiques mondiaux, et ce alors même qu’elle semble aussi s’inscrire dans une sorte de crisologie ordinaire. C’est tout le paradoxe que, depuis 2008, un ensemble quasi continu de chocs économiques et financiers routinise, tout en les déplaçant, les diagnostics alarmistes : après la « crise des subprimes », suivie de la « crise de la dette », les conséquences de la « crise écologique » sur le capitalisme mondial se télescopent aujourd’hui avec la « crise sanitaire » et le placement sous perfusion des économies nationales.
Le répertoire crisologique et le thème de la « crise sans fin » du capitalisme contemporain ne font pourtant pas justice au caractère inédit de la séquence qui s’est ouverte en 2008. Ils ne permettent pas de saisir le paysage institutionnel nouveau qui se construit au fil du gouvernement de ces crises enchevêtrées. Des plans de relance et d’investissement au « quoi qu’il en coûte », l’État semble en effet, depuis 2008, avoir acté son grand retour dans l’économie, porté par les programmes d’achat de dette publique mis en place par les banques centrales. Son intervention est présentée comme essentielle, aussi bien pour juguler les effets des crises à court terme que pour soutenir la croissance à long terme. Pour autant, il est difficile de penser ce nouvel interventionnisme dans des termes keynésiens. Le retour de l’État semble en effet indissociable du rôle confié à la finance privée : depuis les années 2010, celle-ci outille – dans un contexte budgétaire fortement (auto) contraint – des secteurs toujours plus nombreux d’action publique…